L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus

Notes de lecture du livre de Pascal Demurger.

A quoi sert une entreprise ? Nous avons aimé lire Pascal Demurger sur sa vision organisationnelle et managériale (l'Entreprise du XXIe siècle sera ou ne sera plus, aux éditions de l'Aube). Le livre introduit des fondements sur la raison d'être de l'entreprise.

Écartant l’idée que l’horizon des entreprises ne peut se limiter à leur performance et aux conditions de pérennité, Pascal Demurger partage une conception de l’entreprise qui s’engage face aux nouvelles exigences sociales et environnementales. Il porte un message de refondation du modèle de l’entreprise qu’il illustre par la phrase de Gandhi « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». Il le traduit par « plus de considération de l’entreprise pour ses partenaires, ses salariés, ses clients et pour son impact environnemental ». Illustrations.

Quel modèle social pour l’entreprise politique ?

L’engagement sociétal passe par des actes simples qui structurent le fonctionnement interne. Parmi les exemples empruntés à la MAIF, retenons l’absence de plateaux téléphoniques à l’étranger, la pleine responsabilité de contribuable français, une énergie consommée produite à partir de sources renouvelables, le remboursement de 100% des abonnements aux transports en commun, des bornes pour les véhicules électriques, un usage systématique de papiers recyclés, des efforts de réduction sur leur consommation, la limitation de la production des déchets sur site et dans le restaurant d’entreprise… 

Partant du constat, qu’une entreprise est une communauté humaine, il explique pourquoi les modèles d’organisation qui s’appuient sur la chaîne hiérarchique et les processus de contrôle brident les comportements, les motivations personnelles et les relations sociales. Il observe qu’en privilégiant un management par la confiance, les entreprises apportent une réponse de long terme à l’engagement des salariés avec une traduction quantifiable dans les enquêtes de climat social ou sur l’évolution du taux d’absentéisme. Il a constaté que l’intelligence collective sort renforcée avec plus d’agilité coopérative et créative. A la MAIF, la DRH s’est d’ailleurs transformée en « Direction des richesses humaines » ! 

Présentant le manager comme « servant-leader » il précise que la confiance ne saurait être un substitut ou un renoncement au management, que la bienveillance ne saurait être un obstacle à l’exigence et que la responsabilité du management c’est de protéger le collectif si besoin en se séparant des acteurs qui l’affaiblissent ou le menacent.

Il se dit conscient que ce modèle de refondation rencontre des freins et des résistances. Pour la MAIF, la mise en place d’une démarche de co-construction, avec les salariés (10% des effectifs) et avec les représentants des organisation syndicales, a aidé l’entreprise à percevoir les contraintes et les aspirations de chacun. Il fait ainsi le bilan d’une politique de ressources humaines parfaitement adaptée au modèle d’entreprise souhaité : gestion plus libre des horaires, distribution de l’intéressement au niveau d’un service ou d’une direction, participation des salariés dans la définition de leurs objectifs, nouvel éventail des rémunérations…

Quel engagement pour les clients ? 

Pascal Demurger évoque une volonté d’action dans l’exercice même des métiers : création d’une économie circulaire de la pièce détachée automobile, sélection des placements en tenant compte de critères environnementaux, sociaux ou de bonne gouvernance, charte éthique sur la protection des données, mise à disposition saluée par le Conseil national du logiciel libre du code de plusieurs développements réalisés en interne.

Il plaide pour que l’entreprise sorte d’une vision actionnariale de court-termisme de type chasseur-cueilleur. Pour repenser l’entreprise, il lui préfère celle d’agriculteur-éleveur. L’expérience de la MAIF transparait quand il développe les avantages concurrentiels que les entreprises peuvent en retirer, la satisfaction clients et leur fidélité. Il dépeint un modèle qui ne « gonfle pas les dividendes, mais réinvestit dans les garanties, l’indemnisation, la qualité du service et dans le temps consacré à la relation client ». 

Avec ce livre manifeste, Pascal Demurger place l’intérêt général comme boussole de l’entreprise. La société à mission, issue de la loi PACTE, lui en offre désormais le cadre institutionnel. Il dessine une autre manière d’entreprendre…

    Pour aller plus loin

    La société à mission, une nouvelle manière d’entreprendre

    Comment la société à mission offre aux entreprises la possibilité de viser une ambition sociétale.